S’il-te-plaît ?

S’il-te-plaît ?

Un peu courbé et incertain sur ce qui te tient de jambes,
Tu leur demandes leur avis, leur opinion, leur sentiment.

Tu quémandes leur attention à demi mots de peur de déranger.
Mais tu t’en remets à eux.
Car ce sont des conseilleurs avisés,
Car ce sont les spécialistes, autrement dit, ce sont de vrais experts dans leur domaine.

Tout ce que tu n’es pas.
Toi tu te vois pas tout à fait fini.
Pas entièrement construit,
Pas suffisamment armé,
Pas assez...
Perpétuellement en quête de légitimité

Alors tu as érigé leur regard sur un piédestal et toi tu fais le chien obéissant et docile, couché dans ta niche.
Les oreilles qui frisent et remuant la queue quand tu reçois un bon point.
Ils ont le pouvoir.
Celui que tu leur as volontiers donné.

Tu leur demandes la permission.
Et bientôt ce sera celle pour aller pisser !

Et s’ils ne veulent pas ou s’ils ne répondent pas,
S’ils ont mieux à faire que de s’attarder sur toi ?
Tu vas chouiner et te faire dessus ?

Jusqu’où vas tu les laisser choisir et décider pour toi ?
Jusqu’où vas tu supplier d’avoir leur autorisation ?

« S’il-te-plaît, peux tu me dire que c’est bien ce que je fais ? »
« S’il-te-plaît, peux tu me soutenir, m’encourager, me porter ? » brûles-tu de leur chuchoter.

Et s’ils remettent en cause le sens et le but de ce qui t’anime ?
Recules-tu ?
Si leur perception ne colle pas à la tienne, vas-tu t’amputer et renier tes convictions ou suivre le flot de l’indépendance ?

C’est l’inconnu pour toi.
En eaux troubles, tu navigues à tâtons sans distinguer nettement l’horizon.
Tu erres un peu pour trouver ta direction.
Alors tu leur demandes leur aide car tu crois avoir besoin d’eux pour réussir.

Leur validation est le Graal.
La protection et le confort de « ceux qui savent ».
Et si Monet, Renoir, Courbet, Manet et bien autres étaient restés sagement polis, le Salon des Refusés aurait-il vu le jour ?
Où seraient leurs œuvres, aujourd’hui mondialement connues ?

Et si les navigateurs n’avaient pas quitté le rivage pour aller s’aventurer en pleine mer ?

Parce qu’il en faut du panache et du courage, pour s’affranchir de ses pères.
Leur as tu fait vœu d’allégeance pour l’éternité ?
Es-tu l’audacieux explorateur ou l’élève sérieusement poli ?

Es-tu responsable de ton gouvernail ou restes-tu servile comme matelot ?

Jusque là sous le régime de la soumission par fidélité et politesse,
À toi de conquérir ta liberté comme un aveugle éclairé et clairvoyant.

2 réponses à “S’il-te-plaît ?”

  1. yallah Joséphine! Audace et créativité!
    et pour ce qui concernent les experts…. qu’ils se préparent à avoir les cheveux hérissés! osons!

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