Lumineuse errance

Lumineuse errance

Il croyait que le désordre n’était qu’à l’extérieur de lui.
Il croyait être immunisé contre la confusion du monde.
Mais il avait peut-être oublié qu’il appartenait aussi à ce monde et que les frontières entre la partie et le tout sont bien souvent malicieuses de glissements.

D’un coup, une vive émotion monta et les larmes coulèrent sans aucun préambule,
Et dans la seconde d’après, ses lèvres voulaient sourire et son cœur abritait un rire.
Et dans la foulée qui suivit, la tristesse surgit à nouveau avec des gouttes dans les yeux.
Et en même temps, sa poitrine se gonflait d’amour.
Son visage ne savait plus que faire.
Il enchaînait les rictus entre larmes et sourires qui se mêlaient et se confondaient.
Désemparé de cette étrange oscillation, lui aussi ne savait plus que faire.

Le monde cacophonique dehors.
Et lui, un être en pagaille à l’intérieur.
Car à vraiment bien scruter les battements de ses cellules,
Il se sentait ancré et perdu,
Installé et trimbalé,
Enraciné et ballotté.

Le monde s’enlisait dans des sables mouvants léthargiques.
La lenteur et peut-être même l’inertie remplissaient l’air.
Ceux qui voulaient s’afférer, ne pouvaient plus agir ou pas comme à leurs habitudes.
Ceux qui voulaient se délasser, se retrouvaient bien tracassés et soucieux cette fois.

Nous ruminions tous de ne pouvoir profiter comme nous voulions.
Nous nous accrochions tous à ce que nous avions connu.
De l’incompréhension incrédule à la révolte, nous soufrions tous de ne pas mieux nous maîtriser.
Exténués de résister, nous tombâmes et nous nous enfonçâmes dans le brouillard.

Nous acceptâmes la loi incompressible et intangible de l’univers.
« Tout change tout le temps. »
Nous reconnûmes que nous étions tous l’univers.
Dès lors, le chemin s’éclaircit et nous accueillîmes le temps suspendu comme une lumineuse et troublante errance. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.