Un sage est assis en siddhasana sous un arbre. Un jeune s’approche et vient à sa rencontre.
Le jeune : - Tu ne t’ennuies pas tout seul ? Le sage : - Je ne m’ennuie pas et je ne suis pas seul. J : - Comment ça ? S : - Je suis déjà plein et je profite aussi de tout ce qu’il y a autour de nous. Ce sont de beaux cadeaux. Tu ne trouves pas ? J : Si peut-être... Enfin je ne sais pas en fait. Mais je vois bien que tu as l’air heureux ou du moins tranquille alors que tu n’as rien. S : Je n’ai pas rien. Au contraire, j’ai déjà tout et ça continue de grandir. J : Je ne suis pas sûr de comprendre. S : Ce n’est rien. J’étais pareil à ton âge. Je réfléchissais beaucoup à ce qui m’échappait. J : Et ? S : J’ai accepté de ne pas savoir et de ne pas avoir de réponses. Et quand ça s’éclaire je réponds à mes questions par d’autres questions. J : Mais alors tu ne sais rien ? S : Oui et non. Tout dépend à quel niveau tu te places. Le jeune fronce les sourcils. S : Je suis un bébé clairvoyant et éveillé mais je suis aussi un sage immature et ignorant. J : Mais ça veut rien dire tout ça. S : Pour le moment ça ne te parle pas encore. J : Bon alors sais-tu ce qu’est l’amour ? S : Désires-tu aimer ou être aimé ? J : Les deux. Mais je ne veux pas souffrir ou le moins possible. S : Tu crois que l’amour s’accompagne de douleur ? J : Oui, tous les gens qui aiment ou s’aiment souffrent à un moment. S : Peut-être confondent-ils amour et attachement, peut-être qu’ils donnent pour mieux exiger après. J : L’amour est une offrande ? S : Quand tu offres, es-tu délivré de toute attente ?
Complices, ils se regardent en silence. Au-dessus d’eux, deux oiseaux chantent d’amour.