Imposture

Imposture

Ce n’est jamais de ta faute. 
Tu as toujours mille excuses.
Tu n’as jamais assez de temps.
Tu as toujours des raisons, des prétextes...
Ou serait-ce des subterfuges comme l’enfant qui adore jouer à cache-cache ? Des m..... te tombent toujours sur le coin du nez.
Petit Calimero !
Ah oui les impondérables et imprévus sont si fâcheux et puis surtout ça n’arrive qu’à toi.
Et la vie est méchante et injuste avec toi. Pauvre de toi !
Tu cours, tu galopes après ta journée qui file à toute allure tel un bolide fanfaronnant.
Elle te glisse, t’échappe et tu dérapes jusqu’à te prendre les pieds dans le tapis de ta vie embrouillée et cafouilleuse.

Non tu n’es pas le capitaine de ton navire.
Navire, qui scruté à la longue vue perçante, devient une simple et modeste barque colmatée ci et là pour cacher trous et fissures.
Ton embarcation de fortune se camoufle et se farde de l’habit d’apparat aux yeux du monde.
Mais tu te fais ballotter et trimballer comme une bouée d’enfant à la dérive emportée par le courant.
C’est le chahut confus en toi.   
Une pelote prisonnière de nœuds inextricables. Est-ce bien vrai ?
C’est en tout cas ce que tu nous rabâches et resserres en toutes occasions.
Tu varies juste un peu ta palette de couleurs dans ton beau nuancier d’excuses.
Toi aussi tu y crois à ces belles histoires que tu nous contes.
Alors ne serait-ce pas plutôt le chaos renié en toi ?
Tu gémis dans un refrain ronronnant.  
Tu te plains de ne pas pouvoir faire ce que tu veux, de ne pas avoir de temps pour toi, de ne pas avoir ton compte de sommeil... et bla-bla-bla.
Tu parles de tes belles aspirations, de tes souhaits, tu étales des projets à venir, tu ménages tes effets d’annonce et... rien ne se passe. Tu restes au point mort.
Car oui tu as ton précieux tiroir de justifications « en tout genre » que tu ouvres à souhait dans une mécanique implacable.  
Et tu es happé dans un imbroglio de « choses urgentes » à gérer.
Tu brasses dans tous les sens.
Tu gesticules et t’agites plus que tu n’agis.
Tu es le sauveur que l'on sollicite trop. Ou as-tu envie de croire cela...
Mais qui mène ta vie, si ce n’est pas toi ? Qui pilote et se joue de toi à sa guise ? À qui ? A quoi as-tu laissé les rênes ?
Ralentis. 
Arrête ce fabuleux mensonge si confortable.
Éradique cette illusion dans laquelle tu te berces.
Autour de toi, tout le monde connaît ta vielle chanson par cœur. Ta ritournelle s’essouffle.
Elle est dissonante maintenant.
Pauvre rengaine inlassable, usée jusqu'à l’os, toute boiteuse comme un vieux canasson qui traîne sa patte.

Personne n’est dupe.

Eh oui, ce n’est jamais de ta faute.
Mais dans le petit creux de ton cœur, en suivant ton ventricule droit, caché sous ton caillot de déni compulsif, tu sais que tu es une imposture.
As-tu envie de le rester ?

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