Insertion

Insertion

Aider, guider, accompagner pas à pas, 
Poser un diagnostic,
Fixer des objectifs et trouver des solutions concrètes,
Telles sont tes missions.
Se joue un contrat moral partagé entre vous deux.  
Une relation où chacun s’engage à faire sa part et à tenir ses responsabilités.
Très peu pour toi la bureaucratie.  
Tu es aux prises avec la réalité âpre et sans concession du terrain.
Tu gères l’urgence !
Celle qui balaye tout et impose des priorités.
Celle qui nécessite la survie pour pouvoir vivre après... et se projeter.
À situations de crise, choix stratégiques.
Tu devances contournes et court-circuites la lourdeur administrative.
L’écoute active et la stimulation sont  tes armes pour leur parler. 
Car oui, porté par ton esprit combatif et ta patience, tu dois souvent les remuer les secouer les réveiller.  
Les remettre dans la vraie réalité du pays qu’ils ont choisi.
Les confronter aux codes de cette société à laquelle ils veulent appartenir mais qu’ils ne comprennent pas.
Leur transmettre une culture qui leur échappe et les paralyse parfois. Comment faire sien ce qui ne fait pas sens pour nous ? Comment s’approprier l’inconnu ?
Aussi brutal que ce soit, peu importe leur histoire, leur traumatisme, ne pas leur mentir.   
Ils ont déjà été bien trop manipulés et bercés d’illusions d’artifice. Promesses d’eldorado et d’abondance en passant la frontière.
De l’autre côté de la mer...  
Un médecin malien ne vaut pas un médecin français.
Tout est à refaire, reconstruire, rebâtir.
Case départ avec courage.
Ils viennent de contrées où le clan prime sur tout.  
Le collectif domine et impose sa loi.
Envoyer de l’argent coûte que coûte.
Devoir et honneur !
Pression et responsabilité !
L’individu n’existe pas.  
Les traditions ancestrales règnent en maître.
Comment aborder la religion et l’espace public, le voile, l’excision, l’épanouissement personnel ?
Comment démolir leurs cloisons intérieures pour qu’ils se réalisent par eux mêmes et pour eux mêmes ?
Ils rêvent d’un meilleur avenir pour leur fille ici.  
Et doivent entendre et accepter l’interdiction de l’exciser.
Pas de mutilation ici au nom de coutumes.
Le plaisir féminin est muselé bafoué nié là-bas.
Ils s’accrochent. 
 
Horrible et cruel mais souvent plus simple quand ils n’ont plus d’attache.  
La perte est totale, l’envie de vivre est toujours là et ne cesse de croître avec ce nouvel horizon.
Féroce espoir !
Tu recueilles des chevaux sauvages et tu en fais tes poulains.  
Le challenge est grand et ardu.
Tu décèles le vrai du faux.
Les mensonges entrelacés à faire avouer doucement.
Les dénis tenaces à faire éclater habilement.
Le visage de la prostitution quand des cousins défilent rendre visite à leur cousine dans la chambre.
L’enrôlement du réseau tisse sa toile pour les capturer.
Il se répand s’étend et propage son venin. L’emprise de la muselière est forte.
S’échapper d’un enfer pour atterrir dans un autre.
Arrivés cabossés et démunis, tu leur rends leur dignité bafouée et souillée dans l’autre monde.  
Celui de l’innommable
Nos mots sont bien faibles alors.
Quand la pérennité s’installe avec le sésame du travail régulier et fixe, tu te remplis de joie et de satisfaction. 
 
Pas accueillir tout azimut avec pertes et fracas.  
Accueillir comme si vous aimeriez qu’on vous tende la main pour démarrer une seconde chance.
Goutte après goutte, l’insertion est là.
Merci à toi  
Chargé d’insertion professionnelle
Service réfugiés
Pôle Asile

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.