Prédateur

Prédateur

Il était toute puissance.  
Invulnérable, incassable, increvable
Impénétrable
Il portait si bien son masque comme une seconde peau.
Il était insoupçonnable.
Il se fondait dans la masse et ne laissait rien transparaître.
L’ombre était sa lumière.
Tout en lui était tiré tendu pour ne pas flancher, craquer, tomber.  Sombrer   
Tenir la vitrine était son mantra.
Serrer les poings. Saigner en silence.
Dominer était son credo.
Il se sentait se pensait et se voyait bien au dessous de nous tous.  
Il était inatteignable.
Rien ne l’affectait, du moins il ne s’autorisait aucune faiblesse en public.
Être fragile faisait de toi une proie.
Il était prédateur et se nourrissait de ta vulnérabilité.
De ta si belle sensibilité
Son cœur froid ne connaissait qu’une horrible solitude omnipotente.  Qu’avait-il vécu pour se barricader autant ?   
Quel pacte avec le diable avait-il comploté et fomenté pour n’être qu’un demi-humain ?
Une moitié d’homme dénuée d’humanité. Est-ce possible ?
Notre triste Histoire pavée de dictateurs mégalomanes en regorge.
Contrôler ses émotions.  Les étouffer les emprisonner les museler pour enfin les renier complètement.  
Qui peut tenir la distance comme cela ?
Et ne pas finir rongé par la maladie ?
Il avait une santé de fer et a vécu centenaire seul chez lui.  
Un roc indétrônable ! Il leur a tous survécu.
Il était glaçant de sang-froid. 
Ne dégageait aucune sympathie ou bonhomie.  
Il était insipide et transparent.
Totalement insondable
Une énigme hermétique
Mais il avait une force intérieure phénoménale.  
Une puissance infatigable
Une volonté tortionnaire
Une résistance hors-norme
Cadeau ou poison ?
Il lui manquait tellement et il avait bien trop.
Il était son propre tyran intérieur.  
Rester irréprochable.
Parfait en toute circonstance.
Déprécier dévaloriser mépriser était ses atouts majeurs.   
Sa torture psychologique était puissante et perçante.
Il les violentait sans aucun fracas telle la craie qui glisse sur le tableau noir dans un son furtif mais si incisif et corrosif.
Un bourreau qui ne s’affichait pas. 
Est-il plus à plaindre ou à condamner ?  Rester infaillible toute une vie n’est-ce pas déjà être en prison ?  
Vivre sans le cadeau de se tromper tomber et se relever.
Vivre sans la légèreté de nos touchantes faiblesses.
Vivre dans un carcan d’injonctions intérieures.   
Emmitouflé sous une épaisse cuirasse de diktats.
Barricadé dans une camisole de perfection.
Il a beau vivre, 
Le prédateur est déjà en enfer sur Terre !
Isolé de tous
Étranger à lui-même


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