Aime-toi

Aime-toi

Aime-toi
Tu es parfait comme tu es.
Si simple à prononcer,
Si complexe à apprivoiser.

Que l’on aimerait entendre tous les matins devant notre miroir ce doux chuchotement porteur de tant de vitalité.
Notre voix intérieure comme une brise nous caresse et nous murmure « Aime-toi, aime-toi, aime-toi... »
Encore et encore avec une constante vigueur car l’oubli de se sourire est si vite arrivé.
Notre valeur s’efface peu à peu à nos yeux...

Aime-toi
Avec ton sale caractère, tes coups de gueule, tes coups de sang
Avec tes blessures, tes cicatrices, tes balafres, tes maux
Avec tes plis, tes bourrelets, tes muscles, ton gras, ta cellulite, ta peau lisse ou rugueuse, uniforme ou tachetée,
Tes vergetures, tes varices, tes douleurs encombrantes
Avec tes orteils biscornus, tes doigts potelés, tes grands yeux, tes petites lèvres, tes oreilles décollées,
Tes grosses narines, ton nombril bizarre, tes odeurs de transpirations, ta sueur qui perle
Avec tes grains de beauté, tes taches de rousseur, tes boutons passagers, tes poils épais ou fins,
Tes cheveux indisciplinés, frisés ou lisses, jamais comme tu aimerais.

Aime-toi
Avec la beauté de tes défauts et de tes percutantes imperfections
Tu as été « la naine, le binoclard, le boutonneux, la calculatrice, la carotte,
L’asperge, la girafe, le chinetoque, le gros tas, le nez écrasé, la baleine, le sale porc, l’anorexique, l’intello de service... »
Tu as été une de ces vénéneuses étiquettes dans la cour de récré.
Elle s’est imprimée en toi.
Peut-on effacer une marque au fer ?
De cette trace indélébile tu as le choix d’en faire du beau.
Un magnifique champ de pivoines généreuses et joufflues que tu embrasses pour croquer la vie.

Le chemin est escarpé et pentu.
Tu franchis les cols doucement.
Attention aux crevasses insoupçonnées qui menacent ton ascension.
Réveil de ta vieille douleur ?
Maintenant tu sais comment l’apaiser sans dégringoler.
Oui tu trébuches encore et rassure-toi, tu vas encore tomber.
Et heureusement car l’apprentissage est là !
Mais tu reviens aussi vers toi toujours plus facilement.

Il y aura des jours où tu ne penseras qu’à rester terré sous ta couette, où tu voudras te noyer sous la douche, où tu croiras que tu ne peux plus...
Tu te torpilles tout seul et les autres n’ont que le pouvoir que tu leur accordes.
Prends tes jumelles et tu verras que dans d’autres mondes tes tergiversations ont la couleur du luxe.
Celui de réfléchir à soi, de s’émerveiller un peu et de se plaindre un peu.
D’autres n’ont même pas le temps d’avoir peur.
C’est le marathon de l’action sinon c’est le réel qui les dévore.
Alors ils inventent leur propre réalité et elle est déjà là devant eux.
À la Théophile Gautier, ils « la sculptent, la liment, la cisèlent »

Aime-toi
Laisse l’infusion prendre et imbiber tes cellules.
Tu es ton meilleur allié et ton meilleur ennemi.
De quel côté penches-tu ?

Cesse de parler au conditionnel.
Lianes de chimères
Tes yeux sont au présent.

Trouve cet amour pour toi à l’intérieur de toi.
N’est-ce pas envoûtant de le chercher de le réclamer de le quémander sur les réseaux ?
Bienvenue au self-service où faire la manche pour son image et sa propre gloire est tant à la mode.
La lumière comme ci, la pose comme ça avec ce sourire-ci et cette tenue-là et on va à la pêche aux compliments... et aux insultes aussi...
Te sens-tu prospère et rassasié pour autant ?
Ah c’est comme le chocolat fondant et onctueux, on en veut toujours plus !

Désolidarise-toi de ce confort douillet mais si illusoire.
Ne fais plus le jeu pervers de la comparaison.
Fléau de Narcisse
Tu es parfait comme tu es.
Lève la tête.

N’attends pas d’être sauvé par l’amour des autres.
Puits sans fond !

Chuchote-toi encore « je suis parfait comme je suis.»
Protège ces mots comme un puissant secret gravé dans tes profondeurs.


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