On a faim de bêtise

On a faim de bêtise

Étrange est notre monde qui érige la bêtise en reine. 
Où patauger dans la mélasse est un délice.

En l’espace d’un siècle, la croissance est devenue une fuite en avant et notre maison une poubelle à ciel ouvert.
C’est le règne de la production chronophage.
Toujours plus plus
Plus vite
Plus gros
Plus grand
Jusqu’à se remplir se gaver se péter le bidon.
On creuse toujours plus profond les forages de pétrole.
On brûle toujours plus les forêts pour les transformer en terres agricoles.
On mécanise et robotise toujours plus pour escalader le temps de la production naturelle.
On construit toujours plus gros à l’image des paquebots de croisière. Navires de pollution

Les Hommes
Des ogres de toute puissance
Portés, émoustillés, galvanisés par cette frénésie technologique
Nous nous croyons les maîtres du monde.
Les inventions inimaginables d’hier sont devenues nos indispensables béquilles d’aujourd’hui.
Sans elles nous nous sentirions orphelins.
Pire, nous serions en manque
Et pleurerions pour avoir notre shoot
Notre rail de technologie, de vitesse, de productivité, d’efficacité, de rentabilité
Notre seringue de vanité et de bêtise.
Grisés par notre ivresse hystérique nous maintenons le pied sur l’accélérateur.

En un siècle, nous avons entaché des milliers d’années d’équilibre et d’abondance naturelle et prospère.
A quelle fin ?
Pour nos propres intérêts.

Esclaves de nos désirs de grandeur et de conquête,
Présomptueux nous nous croyons intouchables.
Et la bêtise ne cesse de s’accroître et de s’étendre comme le virus caméléon qui s’adapte et mute toujours plus vorace.

Tels les puissants, un Weinstein n’est-il pas que le reflet de notre boulimie de toute puissance ?
On a laissé l’ogre affamé dévorer ses proies...
Les yeux se sont détournés.
Et aujourd’hui nous dévastons notre Planète par appétence extrême de notre jouissance.
Par notre égoïsme constant et vigoureux.
Qu’il est difficile de regarder en face.

Qu’en serait-il si Napoléon, si Henri IV, si les philosophes lumières, si le roi soleil, si Charlemagne,
Si César et Cléopâtre, si les pharaons avaient possédé nos innovations et avaient exploité les ressources de la Terre avec notre folie ?

Ton sang se glace à cette évocation ?
Auraient-ils eux aussi sombré dans notre tourbillon devenu cercle vicieux ou auraient-ils su être raisonnables ?

N’est-ce que conjoncturel ou le drame de notre siècle est il en fait structurel ?
Notre fléau est il notre bêtise ?

Que nous sommes lents et capricieux à nous améliorer,
Mais si promptes et volontaires à détruire.
Persévérer et s’enfoncer dans sa propre boue.

Halte à la méprise
Pas de pierre jetée sur nos sublimes inventions.

La boîte de Pandore est nos désirs et notre impatience.

La résistance est là.
Jeunesse tu es notre Antigone.
Tantôt moquée tantôt méprisée pour ta fougue et ton courage.
Que cachent ces railleries ?
Peut-être notre manteau de lâcheté qui nous fait honte mais que l’on ne quitte pourtant pas.
Nos peurs que l’on ne sent que trop mais qui abritent notre inertie.
Greta en rage pour faire entendre l’évidence.

De tout temps les visionnaires sont rejetés du troupeau .
Ce n’est que bien plus tard que celui ci les remercie.

Désertons notre bêtise qui coule des jours heureux dans le mainstream.
À notre tour, soyons des exilés.
Bâtisseurs de clairvoyance !

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