Impuissance

Impuissance

Quand tu penses à elle, ton monde se craquelle, s’effrite et s’effondre inévitablement. 
Il se flétrit, se délite et se dissout tout à fait comme la pastille, qui
plongée dans l’eau, s’y confond et s’y noie doucement.
Elle te paralyse et te plaque sa suprématie implacable.

Mais en vérité elle n’est pas au dessus de toi, elle ne te veut pas de mal.
Elle ne veut pas t’écraser et t’étouffer.
Elle ne veut rien.
Elle est tout simplement.
Pas une mais « la vérité » immuable et incompressible.

Tout ton monde se fissure telle la terre asséchée privée d’eau.
Stries creusées dans ton cœur
Car ton impuissance est là.

La toute-puissante impuissance !
Que tu as pourtant tant voulu combattre avant avec vigueur.
Tu voulais les sauver de leur douleur,
Quitte à rester à terre avec eux,
Quitte à t’encrasser et rouiller à quai à leur côté,
À patauger dans ta déliquescence,
Sous peine d’abandonner ta propre ascension.

Tu voulais tant les emmener à bord de ta montgolfière.
Tu voulais tant les décharger et les sauver de leurs tourments,
Jusqu’à presque devenir leur bourreau.
Cette figure tortionnaire qui aboie comme un roquet et rappelle à l’ordre.
Cette exigence pleine de bonnes intentions mais frisant la dictature du toujours mieux.

Dans une révélation clairvoyante et limpide,
Tu acceptes ce que tu pressentais depuis toujours.
Tu te colles à ton impuissance.
Le désarroi s’empare de toi.

Chacun a son chemin.
Chacun avance à son rythme.
Chacun découvre les leçons qui lui sont destinées.
Chacun accède aux vertus de l’expérience en temps voulu.
Chacun fait de son mieux.

L’arrachement est là.
Et ta vraie liberté est aussi là.
Sans porter ce qui ne t’appartient pas
Sans te saboter et t’amputer.
Sans te sacrifier parce que la croyance collective ordonne que c’est bien de souffrir et de porter le deuil toute sa vie.
Parce qu’à l’inverse tu es taxé d’égoïste si tu oses te réaliser.
Parce qu’être le sauveur auréolé est finalement bien plus facile à vivre
Que celui qui aime, croque, dévore la vie dans une soif et une faim d’éclats de rire et de vitalité gargantuesque
Alors qu’autour de lui règne le chaos.

Courage à celui qui continue de s’élever pendant que ceux qu’il aime
restent au sol.

Honore tes morts et tes êtres chéris en bouillonnant de joie et de lumière.
Ta lave incandescente brûle.
Comme le soleil, tu brilles et ceux qui le souhaitent se nourrissent de tes
rayons.

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