Moi plus que toi

Moi plus que toi

Ils la serrent tout contre eux.
S’y rattachent s’y agrippent s’y cramponnent de peur de tout perdre.
C’est devenu leur repère.
Leur phare dans leur brouillard
Leur douleur pour compagne

Et leur refuge est maintenant leur protection qui pue la gangrène.
Alors ils crient à tue-tête.
Ils s’égosillent à se briser les cordes vocales.
À te faire taire par leurs sons.
À t’acculer pour que tu renonces et abdiques face à la tempête de rage.
Alors ils persistent et se murent dans le silence de plomb.
Au début tu pensais à une énième bouderie pour pointer leur désaccord.
Mais ça dure... et te voilà congédié, bloqué, blacklisté.
Ils te tournent le dos dans une ahurissante absence de mots.
Ils fuient ? Ils se protègent ?
Ils survivent avec leur ressource.
Ils s’entêtent et s’installent durablement dans leur puits.
Leur grotte de colère
Ils s’y calfeutrent en même temps qu’ils s’y délassent.

Leur douleur est leur doux oreiller qu’ils ne veulent certainement pas abandonner.
Ils l’aiment leur souffrance qui les étouffe.
Ils aiment leur rancune tenace.
Ils aiment dire que tu es responsable de leurs maux.
Ils aiment clamer que c’est injuste.

Ça les rassure alors c’est vrai pour eux.
« Moi je souffre et plus que toi »

Ils veulent être les premiers à souffrir.
Les seuls à avoir le plus mal.
Les seuls à être incompris.
Parce que la douleur aveugle.

Avec leurs armes ils te rejettent pour mieux exister.
En croisade pour attirer l’attention comme l’enfant capricieux quand il n’est plus le centre du monde de ses parents,
Ils s’étalent et leur peine s’affale avec prestance.
Car eux, par leur plainte et leur silence, ils souffrent plus que toi.

C’est en tout cas ce que tout le monde voit...
Même si toi aussi dans ton coin, replié sur toi pour te faire plus petit que tu n’es
Toi aussi tu as mal.

Tu cherches une résolution.
Dépasser la facilité et sortir du confort.
Quand eux ne lâchent pas leur os et se cramponnent avec force à la rengaine de leur blessure.

Renoncer à sa douleur pour grandir et s’élever.
Reconnaître l’autre dans sa peine.
« Moi plus que toi » mute pour devenir « nous sommes responsables ».

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