La discorde

La discorde

Dans ce lieu sanctuarisé où règnent traditions et privilèges,
Celui, dont le nom est maintenant écorché ou on prononcé que du bout des lèvres, a fait plus de bruit absent que présent.
Il a été plébiscité et glorifié au nom de l’art,
Alors qu’il cristallise l’insupportable.
Celui de l’impunité,
Celui d’être auréolé et protégé quoi qu’il puisse arriver.

Il déclenche rage et colère,
Car trop longtemps étouffées et reniées.
Il déchaîne rancœur et haine,
Car trop longtemps bafouées et minimisées.
Il électrise l’hystérie collective,
Car il est le drapeau d’un temps révolu.

Mais s’agit-il vraiment de lui ?
Ce procès n’est-il pas biaisé et ne se trompe t-il pas véritablement de cible ?
Regardons plutôt les mécènes et les protecteurs du bourreau.

Ceux qui l’ont érigé et mis sur un piédestal et ne veulent pas l’en faire descendre.
Au nom de l’art
Ceux qui adoubent l’artiste et refusent de voir l’homme.
Comme si celui-ci s’effaçait devant le talent.

« Parce que tu es un génie, nous acceptons et fermons les yeux sur tes déviances dont tu ne t'es pas racheté. »

Arc-boutés dans vos principes et dans vos prérogatives,
Vous avez bâillonné leurs maux
Quand vous êtes devenus son complice et son sauveur.
Solidaires, vous avez fait avec, pour devenir son avocat.

L’Eglise n’a-t-elle pas eu aussi beaucoup de mal à reconnaître ses torts face à ses démons ?
Difficile épreuve que de regarder à l’intérieur de soi.
Il est plus facile de se cramponner à ses croyances et à ses certitudes.

Aujourd’hui, le tribunal populaire fait le procès de votre conscience.
Vos œillères d’indifférence sont mises au pilori.
Vos tympans éclatent jusqu’à saigner d’incompréhension et de peur.
Votre hypocrisie et votre duplicité sont transpercées et tranchées pour mettre au jour votre responsabilité.

Car oui l’admirateur est responsable de ses idoles.
Vous avez choisi de faire d’un simple homme faillible un artiste intouchable.
Alors jusqu’où le louer et le récompenser quand l’homme est défaillant ?

Incrédules et hébétés, vous vous accrochez à vos derniers reliquats d’immobilisme dans votre forteresse.
Vous criez, pestez et vociférez en brandissant l’étendard de la prescription.
Oui le droit à l’oubli et la deuxième chance existent et sont légitimes mais peuvent-ils naître et s’exprimer librement si,
le pédophile reconnu coupable a pris la fuite sans jamais chercher la rédemption et le pardon en purgeant sa peine ?
Vous agitez la bannière de l’art, qui d’après vous, prévaut et surplombe tout. C’est bien cela ?

Mais l’art n’est-il pas là pour nous inspirer et nous élever ?
Comment peut-il lutter contre une abomination et en cacher une autre ?
Grandir n’est pas tâche aisée, n’est-ce pas ?
Suivons le courage d’Antigone qui n’est pas qu’un simple personnage de théâtre. N’en déplaise à certains !

Aujourd’hui, les voix de la discorde font entendre leurs cris d’indignation de tous côtés.
Temps nécessaire et salutaire pour abolir l’ordre établi sclérosé et faire advenir un nouveau monde plus juste et éthique.
La tempête de la vindicte et de la condamnation laisseront place à l'apaisement et au pardon.
A nous de transformer les vapeurs du scandale en une belle pousse vaillante et authentique.
Gravons fermement en nous que toute adoration excessive et dévotion aveugle nous flétrissent, nous engourdissent et nous vampirisent dans l’inertie hypnotique.
Réussissons notre révolution ensemble.

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