Dépouillement

Dépouillement

Un aigle rase l’océan comme s’il voulait entendre et écouter le souffle de l’eau,
Comme s’il voulait se mettre à l’unisson pour ne faire qu’un avec le tout.
S’immerger et se fondre dans « le plus grand que lui ».
Dans ce qui le dépasse, l’environne, l’enveloppe et traverse ses plumes.
Tout son être est tendu vers le silence éloquent.
Il scrute et fouille le plein du vide.

Alors qu’il s’efforce de chercher un quelconque signe,
Il s’harmonise avec l’eau et son reflet s’y dessine paisiblement.

Parce que ne rien faire, c’est être plein.
Disponible et totalement ouvert à ce qui est juste en toi.
Parce que tu veux trouver, comprendre et savoir quand il y a simplement à être.
Très précisément ancré et laisser faire.

Épineuse épreuve pour l’homme séparé et coupé de ses racines.
Quelle est ta base ? Où est ton centre ?
A quoi es tu connecté à part internet et ton portable ?
Qu’est ce qui te relie au monde ?

Cesser les cogitations mentales et les tribulations d’enfantillage.
Calmer, apaiser et dompter ton impatience galopante.
Tu veux passer ta ceinture noire alors que tu es jeune aspirant.
Tu veux un nouvel amour alors que tu n’as pas encore pardonné au dernier.
Tu veux que ton entreprise grimpe mais peut-être que tu auras besoin de trois, quatre ou plus autres tentatives pour atteindre la pérennité.

Tu veux que ça avance vite quand Gaïa, elle, a besoin de repos.

Tu veux des réponses quand il s’agit de faire silence en toi.
Arrêter le bavardage rassurant.
Claquer la porte au babillage de comptoir et ouvrir celle de la caverne lumineuse.

Tel un spéléologue creusant dans les galeries souterraines,
Tel un apnéiste s’engouffrant dans les profondeurs marines,
Descends en toi.
Toujours plus jusqu’à renoncer à ta volonté d’explorateur
Car elle même est de trop ici.

Comme l’arbre perd ses feuilles à l’automne,
Dépouille-toi.

Peut-être que la peur te fera remonter bien vite à la surface.
Ce vaste territoire douillet où prospère la graine de la gangrène.
Ce désir de s’exténuer à brasser de l’air, ce besoin de te remplir, cet attachement pathologique à survivre.
Ou peut-être que les oiseaux chanteront en toi depuis le puits d’abondance.

Descends encore et souviens-toi qui tu es.
Avant ton étiquette sociale,
Avant ta place dans ta famille,
Avant tes impératifs et tes injonctions,
Avant d’être l’ange et le démon,
Avant les rêves qui t’animent,
Avant ton enfant intérieur,
Avant le bébé dans son landau,
Avant toutes ces couches plus ou moins brumeuses.

Rappelle-toi ce souvenir si lointain.

Au pays des guerriers de lumière, les bonhommes que nous sommes, souffrons de grande amnésie.

La petite est souvent tentée d’interroger Ramana Maharshi.
Le regard plein de compassion
Il reste silencieux.
Son message est déjà là.

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