Développement personnel ?

Développement personnel ?

Quelle mode que le développement personnel aujourd’hui !
On frétille, on sautille et on galope pour pulvériser notre mental castrateur et omnipotent.
Évacuer, balayer, chasser notre fatras de storytelling erroné.
Transformer notre bouquet d’orties de croyances limitantes en graines fertiles de nouvelles perceptions.
Apprendre à s’aimer !
Se choisir et cela sans culpabilité et remords perfides.
Désapprendre le conditionnement des injonctions et cognitions hyperboliques.
Déconstruire le poids ancestral de nos illusions.

Plein de bonne volonté et de bons sentiments, tapis de yoga, coussin de méditation, élastiques pour le sport en mains et hop nous voilà lancés sur de nouveaux horizons prometteurs et sans nul doute radieux.

Ton coach de yoga poste de très belles vidéos sur les réseaux mais comment te parle t-il des asanas et de la véritable voie ascétique du yogi ?
T’encourage t-il à entreprendre les kryas à ton réveil ?
Oui c’est sûr que se mettre un cathéter dans le nez et se baratter le ventre, c’est beaucoup moins séduisant que la posture de l’aigle et celle du danseur.
Mais tu n’as pas dit que tu veux te donner les moyens d’être heureux, plein de vitalité, et en bonne santé ?
Ce n’est pas toi qui veux accomplir tes rêves et entrer dans la cour des grands ?
Bâtir, construire et forger ?

Ah c’est beau de se développer !
Et personnellement ! Ce n’est pas ce pléonasme qui dira le contraire.

Mais là quelle histoire continuons-nous de nous raconter ?
Nelson Mandela, confiné dans sa cellule, et Simone de Beauvoir, dans les camps de la mort, faisaient-ils du développement personnel ?

A-t-on une vague idée de leur courage ou de celui de Malala et Martin Luther King alors que nous nous lamentons et gémissons que c’est drop dur, que l’on a trop souffert à cause de ci et ça et que l’on est moche et nul ?
Devine-t-on la pure compassion qui habite le cœur de Mère Teresa, l’Abbé Pierre et Gandhi quand nous restons bloqué et n’arrivons pas à pardonner à nos parents d’avoir été défaillants à un endroit et simplement des êtres humains ?
Quand nous ne reconnaissons pas leurs maladresses, leur manque d’amour, leur maltraitance, leur violence comme un cadeau ?

Les modèles ne sont pas là pour faire le jeu de la sournoise comparaison mais pour nous inspirer.
Alors ces leaders charismatiques ont du faire beaucoup de développement personnel pour se dépouiller autant et revenir au plus juste de l’essentiel. N’est ce pas ?

Comment continuer à se complaire dans sa plainte quand Latifa Ibn Ziaten, mère d’Imad, l’une des sept victimes de Mohamed Merah, œuvre pour le vivre ensemble et la paix grâce, notamment avec la création d’un centre de déradicalisation ?
Comment ne pas apprendre et grandir devant l’heureuse rencontre entre Georges Salines, père d’une victime du Bataclan et Azdyne Amimour, père de l’un des terroristes ?
Comment ne pas vaciller et se remplir d’humilité et de tolérance face à leur bouleversant dialogue dans leur livre Il nous reste les mots ?

Alors oui faisons nos exercices de « dev perso » chez nous sous la houlette de notre coach bien-être.
Mais ne nous trompons pas avec cette fallacieuse appellation qui transpire la fumisterie marketing de l’égocentrisme de l’ancien monde. Il n’existe pas de développement personnel.

Il n’y a que du développement pour l’humanité !
Tu te développes, et les autres croîtront aussi.
Vibrations et ondes s’entrechoquent, réagissent et se répondent entre elles.
Bien plus qu’un simple corps physique, tu appartiens à un tout.
Au tout, à l’intérieur de toi et à l’extérieur.

Le tant convoité « développement personnel » n’a t-il pas d’autre vertu que d’ouvrir notre cœur et de nous mettre au service de l’humanité ?
Soyons portés par ce puissant engouement.

A l’heure d’un nouveau paradigme,
Comment accueillir en nous (et donc collectivement !) avec paix, et même avec une sérénité joyeuse, que toute forme de perte et de chaos est là pour nous élever ?


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