Quand on ne sait pas, on ne peut qu’imaginer.
Quand on ne le vit pas, on ne peut que deviner.
Alors à tâtons, on suppose et on effleure votre monde.

Celui d’apporter soin et réconfort.
Celui de gérer l’urgence.
Celui de lutter heure par heure et de célébrer chaque pas en avant avec délivrance et humilité.
Celui de choisir la meilleure solution quand certains n’y voient peut-être que la moins pire.
Celui de décider de laisser un lit disponible ou de réanimer maintenant.

Vous êtes nos soldats en blouses blanches.
Vous êtes nos guérisseurs.
Médecins, infirmières et personnels de l’ombre

Équipés de bric et de broc,
Masques, gants, charlottes et surblouses sont vos armures.
Si précieuses protections tant nécessaires et convoitées.
Mais bien maigrichonnes que la pénurie est là.

Le roi et sa cour croyaient les réserves de céréales abondantes et suffisantes, 
Mais la famine vint et le peuple cria sa colère sous leur fenêtre pour se faire entendre.
Les révolutions ne commencent-elles pas comme cela bien souvent ?

Nos invisibles
Nos infirmières et aides soignantes si peu regardées et remerciées d’ordinaire.
Aujourd’hui, le rendez-vous est là tous les soirs à 20h pour saluer votre engagement et votre courage.
Pour vous remercier, vous, nos guerrières tatouées de l’empreinte du masque.

Oui des applaudissements ça fait toujours plaisir !
Mais soyons tout à fait clairvoyants, c’est aussi notre force que nous cherchons à maintenir.
Ces mains qui se claquent nous nourrissent aussi,
Car nous nous donnons bonne conscience en communiant ainsi.

Chacun à nos fenêtres, nous nous regardons contents et satisfaits de nous mêmes, 
Heureux de participer à l’effort collectif ! 
Et repus des sourires et applaudissements, 
Nous rentrons rassasiés nous remettre confortablement sur notre canapé.

Vous, quand vous rentrez le soir, éprouvés par la réalité du terrain, à qui vous confiez-vous?

Chères blouses blanches, 
Que restera t-il de votre bataille demain ?
Certainement pas des pacotilles de promesses de reconnaissance.
La cape d’invisibilité est tombée. 
Et demain nous ne pourrons que sauver et pérenniser notre système de santé,
Que vous colmatez et maintenez à flot avec tant de peine et de vaillance depuis déjà bien trop d’années.

Vous nous montrez le chemin d’un monde où l’humain prévaut enfin sur l’argent et la gloire égotique.
Filles et garçons ne rêveront plus seulement de devenir footballeurs et starlettes de télé réalité. 
Ils auront aussi à cœur d’être des soignants anonymes.
Merci