Qu’est-ce donc que le chant des mots les uns à la suite des autres ?
Écrire pour se dépouiller Resserrer et compresser à la César Débusquer rien que l’essentiel Pour saisir un instant fugace de l’invisible si palpable Faire exister ce qui nous entoure, nous enveloppe, nous étreint, nous submerge et nous habite tout en même temps Ouvrir les yeux sur ce qui est pourtant déjà là
Écrire pour toucher ce qui n’est déjà plus là Effleurer, retenir, capturer ? Ce qui nous échappe Ecrire pour se souvenir et laisser partir
Écrire pour jouer la partie de la vie Tâtonner, trébucher, gratter, avancer en tombant et continuer la fouille du funambule
Écrire pour crapahuter, explorer et se perdre dans les dédales de la rêverie clairvoyante Écrire pour répondre à une nécessité brutale et impérieuse Celle de partager sans restrictions et conditions arbitraires Celle d’accomplir une offrande universelle Donner et diffuser un amour sans attache pour grandir et s’élever ensemble
L’amour véritable n’est pas gentil, ronronnant, mièvre, et fleur bleue. Car il n’est pas capricieux et tyrannique pour posséder une illusion. Infini et illimité, il échappe à nos étiquettes bien ordonnées.
Alors écrire pour piquer, bousculer, provoquer, et déranger Écrire pour heurter, choquer, scandaliser et s’indigner
Écrire pour résister à l’inertie lâche et honteuse Écoper notre flotte et nous épurer en nous écumant couche après couche Et du trouble enfanter un fleuve à l’eau transparente Nous inonder de graines fertiles Écrire pour devenir libre
Arpenter le chemin vers l’éveil
Les voies de la lumière sont multiples et se répondent entre elles Et de ces tribulations acétiques, la poésie, aux accords polyphoniques et protéiformes, est une fidèle compagne
Ses serviteurs zélés sont-ils des alchimistes de la vision, les sorciers des mots ou encore peut-être humblement des vampires de chimères ?
Écrire pour pulvériser, calciner et éradiquer nos songes trompeurs Ecrire pour honorer notre humanité et réparer nos blessures
Qu’ils soient fauves, rapaces ou reptiles, Lion, aigle ou serpent, les poètes nous dépècent le cœur pour soigner notre âme.
Laissons les nous caresser de leurs morsures guérisseuses.