La ligne d’arrivée

La ligne d’arrivée

Tu veux des résultats.
Du dur, du solide, de la matière qui se touche, se prend et s’agrippe.

Tu as des rêves plein le cœur et le ventre et tu cherches le bonheur.
Sapristi ! Qui ne le veut pas ?
On t’a dit d’y aller par étapes.
Alors bon élève, tu te fixes des objectifs et des paliers à atteindre.
Car tu veux franchir tous les cols et arriver au sommet de la fameuse montagne.
Ce Graal, cette félicité tant promise,
Le drapeau de la réussite

« Quand j’aurai réussi, je serai heureux. »

Quand quoi ?
Il y aurait donc un trésor à obtenir sans lequel toutes les bonnes cases pour être « content » ne peuvent être dûment remplies ?
Et il semble de surcroît exister le puissant postulat que cette pépite est à déterrer à l’extérieur de toi,
et qu’elle peut se saisir comme une simple clé que l’on enfonce dans une serrure, comme une dinde que l’on fourre d’une bonne farce.

On a dit qu’on voulait des résultats !
Alors oui ça se touche, se prend et s’agrippe.

Mais se pourrait-il que la vie nous joue des tours de passe-passe ?
Qui tire les ficelles ?
Qui anime les ombres chinoises qui nous illusionnent ?

Quand, contre tempêtes, crevasses et puits (si tu surmontes tous ces obstacles), tu auras accompli tes désirs, tu en voudras simplement d’autres.
Encore et encore
Ta liste s’allongera car tu voudras plus.
Plus grand et plus ambitieux car tu auras progressé et grandi.
Plus essentiel et plus simple car tu te seras éveillé.

Tu crois que le chemin est une ligne droite avec simplement des cailloux à surmonter ?
Tu crois qu’il existe un état permanent de joie quand la ligne d’arrivée est atteinte ?

Tu auras toujours faim et
ton insatisfaction te poussera toujours à chercher mieux car tu exerces ton métier d’être humain.
C’est la dose de piment que l’on aime pour allumer et maintenir notre feu.

Le sommet de la montagne serait donc un mythe,
Une jolie fable pour adultes un tantinet capricieux ?

À bas l’illusion du paradis terrestre idyllique,
À bas l’oasis de prospérité et d’abondance derrière la montagne !

Tout en préparant la célébration de tes victoires (et elles seront bien là !), cultive tous les jours l’art du contentement.
Le parfum d’être déjà plein et assez tout en cheminant vers mieux.


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