Bienvenue à la maison

Bienvenue à la maison

Tu ne sais pas où tu as atterri.
Tu ne sais pas ce qui se présente à toi mais ça semble bien chaleureux.
Des danseuses de lumière étincelante te font une haie d’honneur pour t’accueillir.
Tour à tour, elles défilent en cascade, à droite et à gauche,
Comme si elles émergeaient d’une fontaine.
Ce sont peut-être des nymphes ou des sirènes ou alors des fées ?
Qui peut dire la forme des créatures célestes ?
Et a-t-on vraiment besoin de le savoir ?
Notre curiosité restera sur sa faim et l’invisible ne se dévoile qu’à sa guise.

Avançons.
Le chemin est baigné de chaleur et de lumière.
Il est doux et magnétique,
Et résonne comme le parfum oublié et lointain d’un goût jadis tant aimé.
Est-ce possible d’avoir connu une merveille puis de l’avoir totalement occultée jusqu’à ne même plus savoir qu’elle existe ?

« Bienvenue à la maison » te dit-on.

Oui tu veux bien croire que cette vision enchanteresse est chez-toi.
Comment le flou et l’étranger peuvent-ils se montrer pourtant aussi familiers en un même espace ?
Serais-tu en train de recouvrer la mémoire alors même que tu ne savais pas que tu l’avais perdue ?
Quelle est cette distorsion ?

Voilà maintenant qu’on te souffle que cette vastitude de paix est aussi en toi,
En plus petit et condensé certes mais non moins intense.
Voilà maintenant qu’on te murmure que tu es un fragment éclaté de la grosse boule de feu.
On te tend les bras, te nourrit et te guérit.
On te veut du bien mais se laisser envelopper par cet amour est singulièrement déstabilisant et dérangeant.
Reconnaître et accueillir sa lumière se colore parfois d'une douleur inconnue.

Pour retourner définitivement chez toi, tu ne seras plus tout à fait toi.

Allégé des contingences,
Délesté des apparences,
Dépouillé de tes obscurcissements,
Délivré de tes attachements vénéneux,
Évacué de ton ego et de ton toi si grand dans ton si petit flacon,
Débarrassé de tes identifications,
Tu reviendras à ta nature primordiale et originelle.
Tu retrouveras cette immensité que tu effleures maintenant avec maladresse et candeur.

Mais tu tiens si fort aux tiens et à toi.
Ligoté à qui tu es, à ce que tu crois être, à qui tu aimes être.
Tu restes pathologiquement agrippé à ce qui, aujourd’hui, a grâce à tes yeux.
Tu ne veux pas perdre ce que tu connais.

Alors ta prison fait le jour et se dévoile de toute sa magnificence.
Tu es enfermé dans ta cage d’illusions.
Elle t’enserre et pourtant tu l’aimes.
Elle se fissure par endroits et pourtant cette éclosion te fait peur.

Le temps d’un instant, le radeau de l’ignorance te fait signe et te nargue de son sourire goguenard.
C’est quelque fois bien plus simple et confortable que de ne pas savoir.

Rester accroché à ses barreaux qui s’infiltrent et te nourrissent comme une sonde empoisonnée ?
Ou accepter de guérir pour rentrer chez soi, à la fois rempli et dépouillé ?

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