Violée par une meute de prédateurs qui s’est passée le corps comme on se refile une pizza.
Des visages brûlés à l’acide et des féminicides à l’appel.
Gravement blessé par sept tirs de revolver alors qu’il était de dos.
Immobilisé à terre et mort étouffé en suppliant d’avoir de l’air.
Dans un silence corseté d’indifférence, plus de 20 000 personnes mortes noyées en Méditerranée depuis 2014.

Des exemples parmi une liste qui n’en finit pas.
Des exemples qui ne devraient être que des exceptions.
Des exceptions qui ne devraient pas être.

Que faire ?
Manifester ? Vociférer ? Crier ? Beugler ? Haïr ? Prier ? Se résigner ? S’immoler de désespoir ?

Que faire devant notre inhumanité ? 
Que faire de notre monstruosité qui nous colle et nous étouffe ?

Le parfum de la rébellion et de la révolution flotte pourtant dans l’air.
Mais un parfum aussi puissant et chargé soit-il, reste toujours volatile et fugace.
Sceller l’éphémère dans le bloc.
Les éruptions rugissantes du petit feu follet qui gambade dans le vent sont toutes au mieux touchantes.
Un instinct de chien fou sans horizon.
Alors petit diable ne va pas te brûler les ailes prématurément.
La rage est épuisante et impuissante.

Que faire ?
Enfonce-toi dans les bois de la forêt et fais brûler ta peau de loup-garou.
Tu ressortiras de cette crémation en un impérial stratège implacable.
Un architecte de la destruction à la place de l’enragé impulsif.
Un joueur d’échecs méthodique et calculateur au lieu de la bête explosive.

Notre Terre acculée, elle, n’attend plus devant notre indolence et notre incessante tergiversation.
Elle se purifie d’elle même à coups d’incendies, d’inondations et de tempêtes.
Bâtisseur, rassemble tes factions et prépare chaque assaut tel un cheval de Troie.
Travestis-toi et enrobe-toi dans un paquet cadeau si mignon et sucré d’innocence qu’ils auront envie de te faire la cour.
Cache ton putsch dans un tango de feu.
Maquille tes armes sous les yeux de la Sylphide.
Combien de femmes ont dissimulé leurs créations sous le pseudonyme d’un homme ?

Quand le paysage ne change pas, à nous d’être ingénieux et de devenir le nouvel horizon.