Mignonne

Mignonne

« Elles sont mignonnes tes filles ! » dit un homme à son ami à propos de ses filles trentenaires.
Dans notre monde, cette remarque sincère et gratuite est un compliment.
Un bon point attribué pour louer la délicatesse et la gentillesse du sexe féminin.
L’archétype de la femme gracieuse et aimable.
Car la société attend et demande cela : un bonbon doucereux et sucré juste ce qu’il faut.
Un compliment qui enrobe d’un côté et maintient l’ordre de l’autre.

Mignonne, tu seras. Sage, tu seras.
« Faut pas être passionnée. » disait le grand-père à sa petite fille adulte.

Que faut-il être alors ?
Pourquoi la passion est tant perçue encombrante et dérangeante ? Est-elle si dangereuse ?
C’est à croire qu’elle perturbe et choque plus que certaines injustices qui deviennent communes et banales dans notre paysage quotidien.
C’est à croire qu’il vaut mieux se taire et ne pas faire de vagues.
« Va pas remuer la merde, même si c’est pour défendre une cause juste.»

Mignonne, tu seras. Docile, tu seras.
« En te montrant ainsi, tu gâches ton nom. »
Vient maintenant l’heure de la culpabilité.
Il incombe à la femme mignonne de respecter sa filiation.
Sinon plane la menace de la honte et du déshonneur qui rejaillit et éclabousse de surcroît la famille de la mauvaise fille.
Parce qu’être sulfureuse, virulente et puissante ;
Parce qu’envoyer des scuds, se battre pour ses convictions,
Eradiquer ce qui n’a plus lieu d’être, torpiller le mensonge, trancher l’illusion, c’est tout sauf mignon.

« Le plus important c’est d’être soi. » dit la rumeur.
Alors pour être libre d’être moi, je fais le choix de désobéir à vos mots d’ordre.

Je suis incandescente et magnétique.
Je suis feu.
Je suis ces flammes qui dansent et transpercent.
Je suis douce et piquante.
Je suis délicieusement inquiétante.
Je suis indomptable.

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