Brûler les ponts de la peur

Brûler les ponts de la peur

« Accueille ce qui est là. »
« Profite de ce qui est déjà là. »

Oser ouvrir la porte, sortir de sa tanière protectrice et ne rien faire, si ce n’est se laisser traverser.
Ne rien faire ou plutôt laisse-toi faire.
Jouer le pur abandon dans sa quintessence originelle.
Baisser la garde pour ne vivre qu’au présent.
Un moment suspendu.
Une bulle enchanteresse.
Un délice de secondes, ici et maintenant car avant et après sont impossibles.
Le règne de la projection et de la construction s’effondre.
Pas de plan sur la comète qui tienne.
Les bâtisseurs se retrouvent démunis et impuissants. Eux qui aiment tant échafauder des fondations.
Creuser, renforcer et stabiliser les bases.
C’est l’abolition du « pour toujours »
Les promesses chéries sont bannies.

Un jeu qui ne cache pourtant pas sa haute aspiration ambitieuse.
Celle de savourer et se délecter avec ravissement de l’instant.
Ne rien faire que cela...
Apprendre à se contenter pleinement du magnifique déjà là.
Inévitablement éphémère.
Une vague se forme, passe et disparaît. Et une autre vient à la suite et encore une autre.
Le seul plaisir de les surfer ?
Encore mieux et moins que cela car la volonté de maîtrise fait encore la vigie.
Le plaisir inconnu de se laisser faire par la vague.
Qu’elle t’environne, t’enveloppe et t’inonde tout entier... Juste un moment. Et ça y est, elle s’est déjà évaporée.

Le sage dit « Ça va passer, tout passe. »

Le deuil de l’éternité tangible, rassurante et structurante est là.
Le chagrin de ne pas pouvoir saisir et retenir l’impermanence.
L’illusion déchue de ne pas pouvoir s’agripper, se cramponner et s’enfermer pour se rouler à corps perdu dans la promesse du « à jamais. »
Quelle étrange obstination humaine à vouloir transformer un très beau papillon nomade et fugace en une relique scellée et figée dans son écrin.
Quelle puérile mais attendrissante tentative capricieuse de chercher à rattraper et d’invoquer à nouveau ce qui est déjà parti.

L’invitation est lancée !
Avec pour seule règle de s’abandonner sans retenue à jouir de chaque seconde.
Accepter le voyage sans construire hier et sans prévoir demain.
Goûter le parfum de l’insouciance et en embrasser sa grisante légèreté.
La table est mise avec nappe et bougie, le repas fume et exhale ses senteurs si envoûtantes.
Vos deux rives se rejoignent le temps d’une parenthèse enivrante.
Vous tombez dans le vertige de la faille spatio-temporelle,
Et vous vous adonnez à l’ivresse d’excellents mets pour ce qu’ils ont à offrir, rien et uniquement que pour eux.

Brûler les ponts de la peur pour vivre en plénitude. 

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