Matrice

Matrice

Des fragments liés entre eux quand on veut tout séparer et cloisonner.
Des imbrications subtiles tissées au-delà de ta mainmise.
Corps, esprit, cœur.
La matrice des joies et des complots.
La tête commande. Le cœur s’infiltre et s’immisce. Le corps, au centre, imprime tel un buvard, les aléas des deux premiers.
Chaque maux, que tu tues par ton silence, trouve racine dans tes cellules.
On se gausse d’être fort et d’encaisser.
Tenir la façade !
Mais l’arrière-boutique, elle, se flétrit et se craquelle à force de maintenir le grand écart des dissonances.
On se doit d’être sérieux, raisonnable et pragmatique quand le cœur tambourine et susurre tout à la fois de sauter, plonger et voguer.
On veut la carte détaillée du parcours avec une légende fournie d’explications pour anticiper, prévenir et éviter le hors-piste.
On veut un trajet confortable.
Et pourtant notre cœur, et peut-être même oserons-nous dire, notre âme, nous pousse à oser l’aventure.
Celle où tu as peur de te perdre ou de tout détruire, où tu ne sais pas comment, et même parfois pourquoi, où tu ne vois pas à plus de deux mètres.
Mais ça tape si fort que le corps dit jusqu’à régurgiter ce que la tête refuse.
Une lutte fratricide s’engage et au milieu le corps compte les poings.
Lui que tu n’écoutes trop souvent que lorsque le volcan rugit et entre en éruption.
Les crépitements de la terre sous la lave bouillonnante étaient pourtant déjà là.
Il suffirait d’aérer régulièrement notre maison comme on ouvre nos fenêtres pour changer et renouveler l’air de la pièce.
Il suffirait d’honorer la douleur.
Il suffirait de libérer l’inconfort et s’y abandonner.
Il suffirait d’accepter la tristesse au même titre que l’enthousiasme.
Il suffirait d’aimer le voyage en eaux troubles.
Il suffirait d’écouter chaque micro-palpitation du corps et l’esprit et l’âme s’accorderaient.

On croirait à de la magie tellement ce royaume serait harmonieux et paisible.
Et si nous étions des sorciers et des fées capables de muter en créature hybride.
Et si nous mettions fin à la dualité des deux colosses.
Et si nous nous réunissions pour déchiffrer notre matrice.
Artiste peintre : Caroline Maniere

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