Chacun de leur côté, ils pensaient l’un à l’autre, se remémoraient leurs moments.
Les souvenirs les habitaient.

Ça tournoyait et en silence, ils se demandaient.
Pourquoi ces circonstances antagonistes ?
Pourquoi tant de différence et tant de proximité ?
Pourquoi tant de peur et tant de désir ?
Pourquoi ce feu ?
Pourquoi, si la réalité semble dire non mais réunit ?
Pourquoi leurs âmes s’étaient choisies et données rendez-vous ?
Ici-bas, ce n’était que des humains amnésiques, à la fois effrayés et émerveillés par le voyage.
Et comment ? Comment se laisser faire ? Comment être libre ?
Comment s’affranchir de soi-même ?
Comment retrouver le chemin de la maison ?
Puisque l’immense défi était de s’accueillir, le sublime chemin de croix était de reconnaître une pure et incompressible essence.
Cet espace au-delà de toi, d’elle, de lui, de vous, de nous, de nos masques et personnages.
Cet espace lumineux, absolu, infini et permanent.

Mais là, ici et maintenant, dans le brut de la matière,
Chacun en miroir se répondait.
Et leurs peurs résonnaient,
Et leur amour vibrait sans mot.
Et dès qu’elle le voyait, son sourire s’imposait en elle comme la mer qui s’écarte et dévoile un chemin jusque-là invisible.
Et dès qu’il la voyait, il désirait la bécoter encore et encore et trouver refuge en son corps.
On eut dit un pèlerin ignorant mais inspiré, ravi de se perdre sur sa route sans aucune signalétique.

Ils étaient égarés mais peut-être pas totalement perdus.
Ils s’accrochaient tant à leur monde qui se fissurait.
Mais leur cœur s’illuminait et s’ouvrait à eux-mêmes et à bien plus grand.

Séparés, ils demeuraient ensemble.
Ensemble, ils n’étaient pas encore réunis.
Sans le savoir, ils avaient débarqué sur un nouveau continent.
La langue intergalactique de cette étrange vastitude leur apparaissait tels des bijoux de hiéroglyphes.
Il n’y avait plus qu’à les déchiffrer patiemment.
Besogneuse quête qui offrait déjà quelques éclats d’extase suspendue.