L’alpiniste du ciel

L’alpiniste du ciel

Elle se rêvait oiseau.
Elle voulait s’envoler.
Elle se sentait voler.

Elle voulait s'échapper et s’extraire du bas.
Elle voulait se décoller du sol, monter partout, prendre chaque meuble comme des marchepieds,
Gravir des échelles d’infini, escalader des lianes et se hisser plus haut.
Pourvu qu’elle ne descende pas et qu’elle reste perchée.
Là-haut, tout là-haut.

Elle se sentait appelée comme une amoureuse a le cœur épris,
Comme le marin veut retrouver sa mer,
Comme un ange déchu privé de ses ailes.
Et elle se berçait de cette vision romantico-névrotique.
Car oui le déséquilibre psychique était tel que la pathologie était latente.
Terrifiée par le bas.
Attirée par le vide.
Aspirée par l’ailleurs.
Ventousée par l’immensité du vent.

Dans une ode au ciel,
La tête en l’air, elle admirait la hauteur des arbres et le vol des oiseaux.
Elle s’était essayée au saut à l’élastique et s’imaginer se lancer en parachute. Elle croyait qu’elle retrouverait ses ailes.
La tête, pleine de vent, enivrée dans sa bulle,
Coupée du bas,
D’en bas,
Son corps, sa chair, ses pieds, ses os, ses racines,
Sa Mère, sa Terre.

Entre deux mondes.
Pas tout à fait finie et construite,
Elle fuyait presque son incarnation et préférait se créer des réalités parallèles.
Au chaud, dans son imaginaire généreux, rêveuse d’un ailleurs à conquérir ou à retrouver.

Désormais, elle apprend à sculpter son tronc et bâtir son trône pour se lover dans sa maison.
Le merveilleux de la vie ici-bas.
Amoureuse des falaises, l’alpiniste se forge d’inoxydables chaussures de crampons pour ne pas chuter.

Chercheuse insatiable, elle continuera ses ascensions de l’invisible avec maintenant la préciosité de la Terre féconde et nourricière chevillée en son jardin.
Dans une ode à son corps,
L’alpiniste du ciel se relie et s’ancre à sa Terre Mère pour mieux s'élever encore.
Crédit photo : Nicolas Sedlatchek

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