(Re)Naître

(Re)Naître

Il ne savait pas. 
Ou alors maintenant, il ne savait que trop, tellement le tambour de son cœur frappait fort son sang.
Et sa gorge était sous camisole.
Et ses cordes vocales étaient emmaillotées pour se protéger.
Peut-être avaient-elles peur des vibrations qu’elles produiraient.

Pris de tétanie avant de sauter, les mots ne sortaient pas.
Alors il s’élançait dans l’esquive et la fuite.
Roi des pitres, il prenait la tangente et faisait diversion avec des jongleries d’humour.
Pataud de maladresse et de confusion, il était bien touchant.
Tout à la fois emmitouflé et emmêlé dans ses pirouettes, il était l’enfant noyé dans un pull d’adulte bien trop grand pour lui.

Mais jouer à qui l’on est pas ne dure qu’un temps.
Qu’à cela ne tienne, obstiné, quitte vraiment à être ridicule, il continuait d’avancer masqué, retranché et barricadé.
La peur paralysante pour armure.
Dans un subtil souffle, il se raidissait en se repliant.
Il se contractait et se rétractait en lui pour échapper au regard perçant et clairvoyant devant lui.
Il faisait front et ses mots étaient silence.
Il faisait de l’apnée et ses mots étaient déni.

Outre la ressource clownesque, sa nouvelle stratégie de défense était la dépréciation et la dévalorisation.
Rien de tel que de minimiser sa réalité pour mieux se mettre à distance de ce que l’on ressent !
Bouclier efficace.

Quand c’est trop fort, trop beau, trop chaud, trop tourbillonnant,
Quand notre cœur n’avait plus l’habitude de battre si fort,
Quand notre cœur croyait savoir déjà aimer,
Quand notre cœur découvre des notes uniques et insoupçonnées,
Quand notre cœur éclate comme un nouveau-né.

Pleure-t-il de peur ? De joie ? Ou les deux ?
Quelle incroyable épopée que de venir au monde !

Nous ne sommes plus des nourrissons braillant, mais nous continuons bien de naître.
Sur le point de muter, la peur nous tenaille car il nous faut apprendre à mourir en même temps que l’on renaît.

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