« Je suis parfaitement imparfait » se dit-elle face son reflet.
Et elle répète l’opération en marchant, en cuisinant, en se douchant, en mangeant, en mastiquant, en rêvant, en lisant...
Que cette encre se grave en elle comme si elle eut été là depuis toujours.

Jour après jour, elle dresse son mental jusqu’à ce qu’il abdique et qu’il intègre le nouvel encodage.
Sur son trône souverain, le despote résiste aux assauts par de perfides subterfuges.
A chaque fois qu’elle montre des signes de relâchement et de fatigue, il reprend des forces et fait la vigie.

Mais, à force de contractions rocailleuses, son assise s’use.
Ses feuilles d’or craquellent et s’effritent.
Sa peinture soyeuse se ternit et dévoile un humble bois.
Sans fioriture, sans apparat.

Du bois centenaire, marqué par ses ridules et ses circonvolutions.
Du bois protecteur et guerrier.
Un mental assujetti à sa niche et désormais au service du cœur.

« Quelle tyrannie que la perfection ! Deviens excellent à la place. » entend-t-elle dans un murmure tenace.

L’excellence ou la voie de la progression par la chute.
A l’inverse d’être intouchable, celui qui vise l’excellence, n’accepte-t-il pas avec joie et malice d’être faillible ?