Madame Y et Monsieur Y

Madame Y et Monsieur Y

Sur la rive d’un pont, Madame Y s’ouvrait à elle-même et au monde telle une fleur en expansion.
Elle découvrait son corps et elle en était gourmande, si bien qu’elle s’épanouissait à se toucher, sentir sa peau et caresser ses muscles.
Elle s’extasiait dans une joie sensuelle et malicieuse d’être en vie.
Et elle ne désirait que la partager avec quelqu’un car elle se sentait faite pour ça.

En face d’elle, sur l’autre rive, Monsieur Y ressemblait à un poteau statufié et endimanché.
Les jambes raides, les bras ballants, le corps inerte, il était plombé comme prisonnier de sa propre enveloppe.

D’où elle était, Madame Y l’aperçut et l’image de ce pantin gauche la fit éclater de rire.
En un éclair, cette bulle sonore décapsula Monsieur Y de sa léthargie. Son corps se réveilla lentement.
Tous les deux se regardèrent et comme s’ils se reconnaissaient d’ailleurs ou d’avant ils se sentaient attirés l’un vers l’autre.

Mais plus la connexion est forte et plus il est important de laisser se déplier chaque mouvement sans les forcer ou les pousser.

Doucement, s’engagea une parade de séduction entre les deux.
Madame Y jouait de ses yeux espiègles et Monsieur Y se sentait irrésistiblement invité à y répondre.
Mais, portée par son sixième sens, Madame Y savait qu’elle devait le laisser venir à son rythme.
Monsieur Y traversa le pont et se rapprocha de Madame Y en tournant autour d’elle.

Deux aimants qui se retrouvaient. Ils se frôlèrent délicatement et se mirent à danser l’un contre l’autre.
Qui menait ?
Madame Y ne demandait qu’à se laisser guider. Elle le désirait et l’attendait.
Remplie d’une confiance absolue et si inexplicable car évidente, elle accepta de s’en remettre à lui.
À tel point que Monsieur Y avait envie de la soulever et elle l’aurait suivie en épousant le mouvement.
Il se regardaient et plus rien n’existait autour.

Chacun écoutait le souffle de l’autre mais on ne savait plus où commençait l’inspiration et où se terminait l’expiration.
Seul un tremblement de terre aurait pu les déloger de leur fusion.
Dans cette bulle enchanteresse, le temps était suspendu comme leur respiration qui se confondait.
Emus d’être si intensément épris l’un de l’autre, Monsieur et Madame Y étaient à la fois intimidés et confiants, impressionnés et sereins.

Monsieur Y avait l’impression de toucher un point d’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur, entre le plein et le vide qu’il n’avait jamais connu avant.
Madame Y se sentait puissante et vulnérable tout à la fois.
Là où ils se trouvaient, le dominant et le dominé, le maître et l’esclave n’existaient pas.

Tout en continuant à se regarder, Monsieur Y amena Madame Y au sol. Tous les deux face à face, assis sur leurs genoux.
Et dans un élan du cœur, Madame Y s’allongea et posa sa tête sur les genoux de Monsieur Y.
Elle voulait se lover près de lui et pour cela elle se sentait prête à s’abandonner totalement.
Madame Yin faisait sa mise à nu et Monsieur Yang l’accueillait naturellement.
De cette alchimie, ils sentirent qu’ils contactaient un espace si joyeux et vaste qui les dépassait.

On pourrait croire à un rêve mystique mais quand je te regarde dans les yeux, je touche cette réalité.

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