Chacun dans leur sphère, ils ne pouvaient ni se voir, ni se toucher comme leur désir leur soufflait.
Bridés, ils ne pouvaient être ensemble et laisser libre cours à leur vérité.
Mais bien qu’éloignés, ils se donnaient rendez-vous et n’étaient jamais tout à fait séparés.
 
« Demain 15h, regarde le ciel et je serai là. » Pensa-t-elle très fort.
Le lendemain, à 15h, dans une étreinte des yeux, elle inonda le ciel d’amour et son cœur se déploya telle une avalanche qui dévale et galope la montagne.
15h01, c’était lui. Il l’appelait pour prendre de ses nouvelles.
Succinctement, quelques minutes en substance...
Mais entre les mots et les respirations, le souffle du silence parlait.
« Ça fait plaisir de t’entendre. » Dit-il simplement, mais sa gorge retenait « Tu me manques. »
« Tu profites de la mer ? »
« Oui, ça fait du bien ! » mais il tue qu’en faisant l’étoile de mer il se baignait aussi de leurs souvenirs les plus doux.
Tel un parfum qu’on a plaisir à sentir encore et encore.
« Et toi, tu sors un peu ? »
« Oui je vois des amis. » Répondit-elle avec l’envie d’ajouter « mais c’est toi que je retrouve dans mes évasions rêveuses. »
Et lui se retenait d’avouer qu’il l’avait encore pris pour quelqu’un d’autre. 
Il savait pertinemment qu’elle ne pouvait être vraiment là, mais son esprit et ses yeux avaient voulu la voir dans la silhouette de dos d’une jeune femme. 
Même à l’étranger quand ça semblait improbable.
 
 « C’est drôle, car je pensais à toi juste avant que tu m’appelles. » Lança-t-elle
« Ah ! Et ? »
« Et... et c’est tout... » affirma-t-elle avec amusement.
 Le silence gonflait leur faux jeu de dupe.
« Oh bah, c’est gentil de penser à moi ! » Continua-t-il ironiquement.
 
Et dans cette danse, c’est à celui qui laissait deviner le mieux sans donner la réponse finale.
Et par des interstices secrets, entourés de leur monde autour d’eux, 
Ils se retrouvaient dans des espaces où plusieurs réalités se chevauchaient et se croisaient.