Incantations

Incantations

Dans un pays sans langue et sans géographie,
Dans un monde où la terre est magma magnétique et où le ciel est un précieux réservoir, gorgé de nuages féconds pour faire naître de nouvelles créatures,
Le voltigeur des images et des mots appelle la pluie sur lui.
Car sur les crêtes des falaises, le fou de poète a suffisamment la foi incandescente pour tenir à distance le temps balisé et corseté des bonshommes,
Et le temps cyclique et cadré de la matière.

Dans le silence et par le silence, il devient alors vaste.
Dans une musique à contre-temps, il s’installe dans un espace où le temps est aboli.
S’il fallait tenter de le comprendre, il serait discontinu et distendu.
Mais il échappe à la raison, aux explications et aux justifications.
Alors si nous nous laissons habiter par lui, nous ressentons étirement et dilatation.
Le créateur, imbibé par cette potion de l’eau des nuages, accouche de créations.
Où celles-ci ne seraient-elles pas en fait déjà des créatures dans cet espace atemporel ?
Et peut-être que ce sont elles qui choisissent leur mère et non l’inverse.
L’alchimiste des réalités remonte le fil d’Ariane qui vibre depuis son ventre.
Et à la condition de ne plus vouloir trouver, il devient canal puis réceptacle puis matrice d’hybridations.

Les artistes,
Ces monstres, mi-magiciens dégénérés, mi-sorciers clairvoyants,
nous délivrent avec ferveur leur sabbat d’incantations.

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