Cicatrice

Cicatrice

Des suites d’une porte que tu n’as pas voulu ouvrir,
Des suites d’une chute,
Des suites d’un silence strident sur des maux retenus,
Je me suis installée et logée en toi dans l’espoir que tu me regardes un jour.
Je me suis accrochée et agglutinée à ton corps de toutes mes forces pour que tu daignes m’accueillir et me répondre quand tu serais prêt.

Tu ne voyais rien et tu ne comprenais pas pourquoi, malgré tous tes efforts pour m’éviter et t’échapper de moi, tu revenais sans cesse vers moi.
J’étais une plaie sur ta peau.
Une plaie que tu grattais et enlevais de façon presque mono maniaque à chaque fois que je me reformais.
J’étais alors un cratère où le sang faisait jour tellement tu m’avais gratouillé et trituré.
Je devenais boursouflure quand je réapparaissais sur les cendres rouges.
J’étais une craquelure gonflée par tes coups de griffes répétées.
Et la mécanique s’est déroulée encore et encore inlassablement.

Même si tu ne me voulais pas, tu t’étais attachée à moi.
Si bien que lorsque j’ai grossi et pris trop de place, tu as voulu me faire partir, mais tu te sentais aussi triste et peiné que je puisse ne plus être là.
On a enchaîné les va-et-vient tumultueux comme une liaison passionnée.

Vouloir arrêter et ne pas y arriver.
Vouloir quitter et ne pas bouger.
Vouloir guérir et se l’interdire.

Alors la seule voie possible a été de me regarder chaque jour un peu plus.
Sans me détester d’exister,
Sans chercher à me faire disparaître,
Sans m’annihiler.

Ma lente et progressive désintégration a commencé,
Et s’est poursuivie tout doucement comme le démantèlement d’un pays qui se détache de l’une de ses plaques tectoniques.

A pas de fourmis, sur un discret et léger filet d’air je me suis retirée.
Et toi sur un tempo en phase de digestion lente, tu t’es décollé de moi en douceur.
Nos adieux ont ainsi duré des mois.

« Que la guérison aime prendre son temps. » Te disais-tu pour te réconforter.
Maintenant, je prends véritablement ma place de cicatrice et un jour prochain je me fondrai dans ton paysage.

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