Première fois

Première fois

Le désir de l’appel comme un cheval prêt à bondir une fois les stalles de départ ouvertes. 
L’excitation du précipice,
La peur du saut,
La frayeur.

La frayeur de t’entendre, la frayeur du silence, la frayeur du plein dans du vide.
La frayeur de faire sonner l’impalpable.
La frayeur de donner corps à ce qui est pourtant déjà en vie en toi et tout autour de vous.
La frayeur de déposer dans tes mots des ondulations vibratoires.
Entre vous, dans vos regards qui pétillent, galopent, brûlent et se cachent aussi du feu.
Dans vos bras qui se serrent et s’agrippent de joie de vos retrouvailles.
Dans vos souffles qui palpitent et s’époumonent de l’intérieur.
Dans vos baisers, vos morsures et vos caresses qui scandent votre passion aphone.
Dans vos corps qui se retiennent fort, très fort, pour se dire combien ils se sont manqués.
Dans du chaud et du doux quand vos yeux fusionnent.

Au bord de la falaise, sur le point de s’élancer, mais les jambes figées, ne répondent pas.
C’est toute ta gorge qui s’assèche, se tend et se crispe pour atrophier le son.
C’est tout ton être qui balbutie et bégaie de contractions. Tu patines et étouffes l’implosion en toi.
Pudiquement benêt, tu souris et tes yeux embués et joyeux l’embrassent.

Tel un enfant, pétri de trac et de courage, tu prépares ton saut devant ton miroir.
Te rencontrer, te voir et t’entendre pour apprivoiser le pur abandon.
Vérifier en toi, encore et encore, que l’évidence est là.
Accoucher ta vérité, quelle que soit celle de l’autre.

Dire « Je t’aime » pour la première fois.
Crédit photo : BanHup Teh

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