Kamikaze

Kamikaze

Telles des fulgurances, elle voyait des explosions, du feu et des cendres.
Ça dansait et ça tournoyait de déflagrations en cascade.
Une pause. Un répit ?
Une accalmie dans le paysage crépitant ses dernières braises.
Un silence inconnu.
Celui du brouillard en soi.
Celui où le familier est devenu ruines.
Celui où le sens même du chemin est brouillé.

Elle hésite car son pourquoi et son comment sont inaudibles et illisibles.

« Qu’est-ce que tu cherches ? » entendit-elle sans pour autant voir quelqu’un.
« Dans tout le flou qui m’entoure, une seule chose m’apparaît constante et stable.
Je suis là pour être de plus en plus libre et porter cette même intention pour les gens de mon premier cercle jusqu’aux inconnus. »

Et elle était sans conteste plus libre qu’hier.
Mais plus elle s’affranchissait et plus elle voyait les barreaux de sa prison.
Plus elle s’émancipait et plus elle se voyait contorsionnée dans sa boite noire.
Et chacun était coincé dans la sienne.
Engoncé, recroquevillé ou plié en quatre mais néanmoins à l’abri et assuré d’être déjà libre.
L’image en était drôle de grotesque !
Nous nous contraignions tous avec une abnégation aveugle nous prenant pour des maîtres quand nous étions en fait esclaves de nos histoires échafaudées.

« Pourquoi ai-je entrepris ce voyage ? » Se dit-elle
« Suis-je tombée comme on tombe amoureux ? »

Mais aujourd’hui, elle se demandait si elle avait assez de courage pour faire peur à ses peurs qu’elle regardait droit devant elle.
Ce qui l’avait fait grandir hier était maintenant obsolète.
En allait-il être pareil pour demain ?
Déconstruire et s’ouvrir.

Ses peurs étaient des bombes silencieuses, étouffées mais hurlantes dans ses corps corsetés.

Une illumination fit bouillir son sang.
« Des mines ! Je vais poser des mines sur mes peurs et les faire péter une à une. »
Kamikaze !

Ne plus s’accrocher à rien pour être tout.

Kamikaze !
Pourvu que mes peurs terrassent.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.