Arborescence

Arborescence

Elle regardait les passants qu’elle croisait dans la rue, dans le métro et ailleurs et elle se demandait si eux aussi tergiversaient avec trop de vent dans leur tête. 

Y avait-il en eux un embouteillage de pensées, des klaxons de digressions, des geysers de fumée qui opacifiaient et obscurcissaient un peu plus le chemin ?
Y avait-il en eux un trafic dense et touffu comme une forêt de bouleaux tous serrés les uns contre les autres ?
Y avait-il en eux un réseau de formes et de couleurs si hétéroclites et hétérogènes,
Qui se déclaraient comme tombées du ciel et en électrons libres et sauvages partaient dans tous les sens ?
Y avait-il en eux des congestions de croisements, de ronds-points et d’intersections tellement les pensées arrivaient en cascade,
Et continuaient leur route à saute-mouton en s’enjambant les unes sur les autres ?
Y avait-il en eux des étoiles filantes bien rapides et volatiles qu’il était usant et téméraire de rattraper ?
Leur arrivait-il de devoir courser leurs pensées en clopinant tel un brave marathonien en fin de parcours ?
Leur arrivait-il de leur ordonner de cesser leur ébullition d’arborescence et de filer droit sans marchander ?
Se demandaient-ils ce qu’ils faisaient là ? Et si oui, combien de fois ? Une fois occasionnellement ou plusieurs fois par jour ?
Avaient-ils eux aussi du mal à donner, à trouver ou à retrouver du sens à leur pourquoi ? Et à notre pourquoi ?

Étaient-ils eux aussi fatigués de toutes ces questions empilées telle une montagne de linge sale ?
Cherchaient-ils un interrupteur pour cesser ce flot anarchique, constant et persistant ?

Et dans cet assaut de questions, elle observait le regard de ces inconnus,
Et se demandait s’ils auraient pu être amis et s’apporter mutuellement un peu de chaleur et de réconfort

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