Respiration

Respiration

Il n’y avait qu’à la suivre. 
Pas après pas
Il n’y avait qu’à se laisser faire par elle et prendre sa main sans pour autant la saisir.
Souffle après souffle et à l’intérieur de chaque vague devenir l’eau elle-même et regarder l’écume passer.
Battement après battement,
S’émerveiller d’être là.

Cette disposition si simple à concevoir, mais si ardue à maintenir,
Si fébrile devant les assauts du colosse,
Si chancelante devant les incursions herculéennes de la tour de contrôle, qui elle aussi, se sentait cependant vaciller certains instants.

Suivre le ressac des poumons.
Diluer les histoires comme un dessin d’aquarelle taché d’eau.
Évanouir les didascalies telles des souvenirs lointains et flous.
Évacuer les commentaires avec la force et la vigueur d’un « no pasarán ».
Et revenir au chaud, et retrouver comme pour la première fois avec une candeur qui ne se connaît pas elle-même,
Et redécouvrir la vie en soi comme on se surprend à retomber amoureux d’une personne que l’on croyait déjà pleinement aimer dans chaque repli de notre cœur.
On s’étonne alors de la rondeur de notre cœur qui se ramollit, s’assouplit, s’étend et s’étire telles les arabesques d’un éventail dont on ne voit pas la fin.
Se laisser fondre par notre souffle qui, parce qu’il est regardé et écouté tel un diamant, devient si vaste, plein et léger aussi.

Se ravir d’être au spectacle et réaliser être soi-même ce sublime spectacle !
Une splendeur incompressible comme un paysage ancestral là depuis la nuit des temps.
Être le soleil couchant, les rayons orangés étincelants, le ciel bleu, jaune et rose, la mer, l’étendue de l’eau au loin, l’écume,
Le sable, l’air sur les grains et dans les ailes des oiseaux, l’horizon confondant la terre et le ciel.
Être cette plénitude d’un seul tenant.

Jouer humblement en oubliant son je.
Rencontrer une amie, une forteresse, un nid à l’abri de tout.
Et se laisser mouvoir par la grâce de la respiration.

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