De l’alcôve au palais

De l’alcôve au palais

– Quel est le paysage de ton temple intérieur ?
Elle plongea en elle et laissa affleurer à la surface ce qui reposait au fond de l’eau translucide. Son cœur y abritait bien un nid de douceurs.
– Je vois un arbre, un magnifique arbre au tronc épais et massif avec de majestueuses racines étalées au sol telle une traîne royale. Un perroquet aux couleurs chaudes et chatoyantes prend du bon temps sur l’une des branches. Je flotte dans l’air sur une balançoire accrochée à l’arbre. Observatrice, intriguée, je regarde les racines de l’arbre comme des sculptures préhistoriques. On dirait les nervures d’une boîte crânienne. On dirait que j’apprends à reconnaître mes racines. Un peu en arrière, trône un grand lit avec des draps en satin rose poudré. Il y a aussi des plumes légères sur les côtés. Elles aussi roses. Rose ? Mais pourquoi rose ? Je me demande, car ce n’est pas une couleur que j’affectionne d’ordinaire. Mais là, c’est bien du rose, du rose voluptueux et sucré, du rose câlin et tendre avec des oreillers moelleux à souhait. Il fait si bon de s’étirer dans tous les sens, de s’étendre et de flemmarder dans ce lit qui transpire l’ivresse de la rêverie. Mon alcôve est devenue un palais où le ciel est le plafond.
– Et qu’est-ce tu fais ?
– Faire ? Pour quoi faire quand on peut simplement être ?
– Tu…
– L’arbre, il est. Il ne fait pas. Il ne justifie pas ou ne prouve pas son existence. La vie s’écoule en lui et ça suffit.
– Mais tu n’es pas un arbre ?
– Mais comme lui, je fais partie de la nature alors je peux apprendre de lui.
– Tu apprends ?
– Oui, j’apprends à ralentir.
– Ça a quel parfum ?
– Je me sens touchée par la grâce.


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