Collision

Collision

J’aurais pu croire à une illumination si mon corps n’attestait pas d’une vérité. 
Celle que l’on relate dans les contes et les légendes pour magnifier une réalité ou pour faire croire à l’extraordinaire.

Sans le savoir, je suis entré en collision avec la lumière. J’ai d’abord été attiré.
Attiré telle une évidence irrépressible d’admirer, toucher, caresser, sentir une splendeur que je ne soupçonnais pas alors.
Attiré tel un élan organique de fusionner.
Comme s’il s’agissait de trouver une ouverture et d’adopter un contre sens à toute logique, les jambes en l’air et la tête en bas,
Je voulais faire corps à corps et me fondre.
Sous ce désir charnel assez reconnaissable et commun de prime abord, bouillonnait et grondait la pulsion vitale de vie en moi.
Une effervescence et une ivresse dont j’ignorais la finalité me saisirent.

Et dans un déclic aussi subtil que fracassant, une porte s’ouvrit.
Mon cœur fit entrer l’espace en moi.
De l’espace et encore de l’espace sans jamais s’arrêter, si bien que les limites de mon cœur s’écartèrent toujours plus, jusqu’à disparaître.
Couche après couche, mon cœur s’ouvrait à l’infini et le ciel y prenait place avec amour et dévastation.
Oui, car cette immensité ne demandait pas la permission pour passer.
Tel un violent torrent qui emporte tout, elle déversait son amour avec une intensité à brûler la peau.
Dans des déflagrations en cascades, elle vrombissait et m’aspergeait de sa lumière.
Je ne pouvais que continuer de m’ouvrir et de me remplir encore et encore sans limites.

J’étais inondé de lumière.
Mon cerveau et ma vue étaient saturés de lumière.
J’étais aveugle de lumière.
Tout mon corps baignait dans la lumière.
Tout mon être était lumière dans la lumière.

Plus de limites et de frontières.
Plus de bornes et de repères.
Je restais là, stupéfait, retourné et ébahi par l’extraordinaire de ce que je voyais et ressentais.
J’avais pleuré sous l’écartèlement de mon cœur et maintenant je pleurais d’extase.
La collision était devenue réunification.

Au lieu de défaillir comme on trépasse sous le tir d’une balle en pleine tête, je venais de m’élever sous l’assaut d’un prodigieux et foudroyant sniper.
Et le point d’impact avec l’incommensurable vastitude était une salle. La salle méditative des dalaï-lamas au temple Lukhang.

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