Baguette magique

Baguette magique

– Si tu avais une baguette magique pour réaliser un rêve, que ferais-tu ?

Silence de malice et les yeux qui frisent de son interlocutrice.

– Ah, tu souris ! Alors ?

– Je tomberais amoureuse de ma vie !

– Hein… ? Bah c’est… c’est pas incroyable.

– Mais imagine-toi. Quoi qu’il puisse advenir, quels que soient les catastrophes et les malheurs, quels que soient les pertes et les gains, je serais totalement, follement, éperdument amoureuse de ma vie. Je ne la comprendrais pas toujours, je ne serais pas tout le temps d’accord avec elle, avec ce qu’elle me proposerait, et m’imposerait aussi, elle m’agacerait ça oui ! Je continuerais peut-être à avoir envie de la mettre en boule par moments, peut-être que je penserais à en faire des confettis, peut-être que je lui parlerais espagnol quand elle n’encoderait que l’arabe, peut-être qu’il nous faudrait un traducteur pour savoir où on voudrait aller ensemble, peut-être qu’elle serait aveugle et moi sourde, peut-être qu’il y aurait toutes ces criantes différences qui nous sépareraient, mais quoi qu’il puisse arriver, je l’aimerais !

En disant ces mots, ses yeux brillent de désir. Elle continue.

– Le temps des reproches et les chefs d’accusation seraient dissouts. Ma vie serait toujours imparfaite à souhait, revêche et casse-bonbons, mais toutes ses scories me raviraient et la rendraient si belle et si précieuse à mes yeux que je n’en voudrais pas d’une autre. Pas d’échange, pas de retour en magasin, pas de période d’essai, pas de vœux au Nouvel An, pas de plainte parce qu’il y aurait trop de ci et pas assez de ça. Je me rappellerais tous les jours au réveil qu’elle est un précieux miracle et en m’endormant je la chérirais de l’étreindre dans mes bras. Imagine ! Je prendrais tout et je cesserais de vouloir autre chose que ce qui est et je ne désirerais plus aller ou arriver quelque part. Je serais déjà à l’endroit parfait. J’aimerais ma vie parce que ça serait si simple, si évident, si fluide, si plein, si absolu. Et même si un jour ma vie ne voulait plus de moi, ne voulait plus communiquer ou partager alors, absolument rien ne m’empêcherait de l’aimer depuis mon cœur et de lui envoyer mon amour. Je n’échapperais pas à la souffrance, mais habitée d’un amour si pur et profond, je serais incassable.

– Ça paraît magique… murmure-t-il un peu abasourdi d’une telle vision.

Elle marque un temps comme pour écouter l’écho du silence.

– C’est vrai que ça l’est ! Et pourtant, il ne tient qu’à nous de cueillir ce nectar.


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