A l’envers

A l’envers

À tes côtés, j’ai quitté mes repères d’une conversation conventionnelle et pragmatique, j’ai abandonné la logique et le sens commun, j’ai renoncé à l’horizon d’une temporalité construite.
Et quelle ne fut pas surprise de sentir un lien, notre lien se créer et s’étoffer au-delà du monde rationnel.

Tu mêles le présent et le passé, mais qu’importe.
Tu répètes trois, quatre fois, peut-être plus, la même anecdote en moins d’une demi-heure, mais qu’importe.
Certains défunts sont toujours vivants, mais qu’importe.
Tu changes, réinventes, altères ou travestis peut-être ta vie passée, mais qu’importe.
Tu te racontes des histoires dans ta tête avec des personnes qui n’existent pas, mais qu’importe.
Tu parles à tes photos sans avoir de réponse, mais qu’importe.
Tu ne sais pas quel jour nous sommes, et à quel étage tu habites, mais qu’importe.
Il y a tant que tu ne sais plus, mais qu’importe.

L’affection et l’amour poussent partout, et même généreusement sur des terres à priori inhospitalières.

Celle que j’ai connue, n’est plus et je combats mon envie de vouloir la retrouver.
À chaque nouvelle visite que je te rends, je me demande maintenant qui vais-je rencontrer.

Je te vois t’éloigner de moi et je ne peux rien faire. Tu es debout sur une barque au milieu d’une eau sans mouvement. Tu es perdue, à tel point que tu ne vois pas les rames de chaque côté de la barque. L’atmosphère du paysage est crépusculaire et la brume t’enveloppe. Tu es plongée dans ton « no man’s land », avec la tête à l’envers comme tu le scandes parfois.

Quand hier encore je pouvais te rejoindre, aujourd’hui je reste à quai. Face à toi, je suis un grimpeur qui ne trouve plus de prises pour avancer. La paroi semble maintenant si lisse et droite.
C’est inéluctable, l’image que j’ai de toi, s’étiole et disparaît.
« Je ne sais pas quoi faire de ma peau » me confies-tu et moi, face à cette phrase d’une telle simplicité existentielle, je ne sais que répondre.

Pas de mièvrerie,
Pas de mot magique,
Pas d’esbroufe,
Pas de happy-end,
Pour contourner la tristesse et échapper à l’errance dans laquelle tu te trouves.

Tu es à l’envers, mais la rencontre est toujours possible d’une manière ou d’une autre.
La distance se creuse entre nous, mais je resterai à tes côtés.
Je ne sais pas si je t’accompagne, mais je peux être là, ma main posée dans tienne.


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